Récits
La vallée de Langtang
La vallée de Langtang, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Katmandou, près de la frontière tibétaine, était un des hauts lieux du trekking au Népal. Dans le parc national de Langtang, créé dès 1976, cette vallée perchée, mais d'accès facile depuis la capitale, offrait une plongée au cœur d'un Himalaya de carte postale, de culture tibétaine. On n'y accède qu'à pied, il n'y a pas de route. Forêt, animaux sauvages, beaux hameaux, champs en terrasse et troupeaux de yaks, patrimoine religieux, alpages et glaciers, trekking peaksde 5 000 m d'altitude, majestueux sommets de 7 000 m, elle avait tout pour séduire. Ses quelque 800 habitants, tous bouddhistes d'origine tibétaine, vivaient largement du tourisme, proposant sourires, gîte et couvert aux dizaines de trekkeurs remontant chaque jour les raides sentiers la vallée, au printemps et à l'automne.
Iréel.
Le séisme du 25 avril a tout brisé. Le caractère encaissé de la vallée, surmontée de hauts versants et de bassins glaciaires, a causé sa perte. Le massif était exceptionnellement enneigé en ce mois d'avril, alors, en même temps qu'il détruisait tous les hameaux de la vallée, le tremblement de terre a déclenché des avalanches hors normes depuis les hauteurs, ainsi que d'innombrables éboulements. Une énorme avalanche de neige, très vite mêlée de rochers et de terre, est descendue des sommets et d'un cirque glaciaire surplombant le chef-lieu de la vallée, Langtang. 150 maisons et 55 lodges, où se trouvaient ce jour-là sans doute la moitié des 435 Népalais officiellement domiciliés au village et des dizaines de touristes, peut-être une centaine, ont été pulvérisés puis engloutis sous la boue mêlée de neige. Une seule bâtisse, construite sous un rocher en haut du bourg, a été épargnée, avec ses cinq occupants, dont deux enfants. Seuls survivants d'un village martyr.
Les Tamangs
Les Tamangs vivent hors du monde, dans des villages perchés entre 2000 et 5000 mètres d'altitude. Leurs maisons entièrement construites en bois et en pierres s'entassent dans de petits hameaux sur des terrasses agricoles vertigineuses. Nombre de ces villages, cernées de sommets enneigés qui culminent à plus de 7000 mètres, ne sont accessibles qu'à pied, par des pistes millénaires qu'il faut parcourir pendant plusieurs jours avec son sac à dos pour aller à la rencontre des habitants.
Les Tamangs vivent sans eau courante et doivent aller au puits ou à la rivière. Ils n'ont qu'un accès très limité à l'électricité et vivent paisiblement dans un moyen-âge agraire qui se prolonge indéfiniment. Les enfants parcourent des dizaines de kilomètres par semaine pour aller à l'école
( quand il y a une école ), s'ils ne sont pas en train de travailler aux champs avec leurs parents et leurs grands parents. Depuis toujours, la communauté Tamang vit essentiellement de ses productions agricoles locales (maïs, lentilles, pommes de terre, viande de yak et de buffle principalement).
La population de cette communauté peu visitée est estimée à un million et demi. Ils parlent le Tamang, un ensemble de dialectes tibéto-birmanes.
Dans les régions du Tamang, du Langtang et de Gosaikund ( au nord de Kathmandou ), et plus précisément dans les villages de Gatlang, Thuman, Tatopani, Chilime, Brimdang, Naghtali Ghyang, Chyamki, Langtang, Kyangin Gompa et Thulo Shyaphru. Ces villages sont accessibles à pied en suivant des itinéraires de trek connus sous le nom de « Tamang Heritage Trail » et de « Langtang Gosaikund Helambu Trail ».
Tamang Heritage
La zone est en état critique par endroit (le vieux Gatland est détruit à 80% ; Thuman également). De nombreuses personnes sont aujourd'hui incapables de reconstruire leurs maisons, les obligeant à rester pendant une durée indéterminée dans des abris en bois et tôles ondulées.
La situation scolaire est elle aussi dans un état critique ; toutes les écoles de la zone sont en effet détruites ou en état inapproprié pour accueillir des enfants. Les cours se font donc de façon anarchique, avec un sous-effectif flagrant d'instituteurs et de moyens matériels. Deux ans après le tremblement de terre, plus aucune (ou presque) ONG n'intervient dans la région ; les solutions doivent donc venir d'initiatives personnelles ou de projets communautaires.
Il est urgent que le tourisme revienne ici le plus rapidement possible. En six jours de marche, l'équipe n'a croisé Aucun trekkeur, alors qu'en temps normal plus de 20 nouvelles personnes arrivent chaque jour sur ce trek. Favoriser le retour du tourisme dans la région, c'est favoriser la reprise de toute l'économie locale (guest-houses, guides, porteurs, agriculteurs, transporteurs, épiceries...), mais c'est aussi favorisé des échanges entre populations locales et trekkeurs qui pourraient financer certains projets de reconstruction (écoles, monastères, maisons individuelles...).